Pourquoi il n'est pas toujours facile de parler du Yi Jing
Avec les Chinois, et avec les occidentaux ...Au cours de l’été 2010, J’étais guide accompagnateur d’un groupe de Qi Gong que le Dr. Yves Réquéna (directeur et fondateur de l’IEQG, Institut Européen de Qi Gong), dans les monts Wǔdāng shān, le berceau des arts martiaux taoïste de la Chine du Sud.
La chaîne des monts Wǔdāng culmine avec la montagne appelée « Pic Doré » (金丁 jīn dīng) sur lequel est bâti un important monastère taoïste.
Les touristes (surtout chinois) y sont nombreux et donc bien sûr on y fait commerces de beaucoup de choses, et notamment de Yi Jing.
Voici le panneau présentant les services qui y sont proposés
La première ligne est le titre de l’institution 易经总汇 Yìjīng zǒnghuì : association (总汇zǒnghuì) de Yi Jing (易经 Yìjīng).
En dessous, au milieu, le tài jí tú entouré des trigrammes rangés dans l’ordre dit du ciel antérieur qui n’est nulle part mentionné dans le texte du Yi Jing, sont déclinées les différentes spécialités que cette officine est en mesure de proposer aux chalands.
Clairement lamentables pour celles et ceux qui, par l’intermédiaire du Centre Djohi, association pour l’étude et l’usage du Yi Jing (www.djohi.org) poursuivent une étude sérieuse et un usage confucéen du Yi Jing (voir à ce sujet le stage résidentiel 9-14 août 2021 à St Antoine l’Abbaye Stage Djohi 2021).
Car on trouve dans cette affiche, pêle-mêle :
À gauche, de haut en bas :
算命 suàn mìng : littéralement : calculer le destin, en fait : dire la bonne aventure
算卦 suàn guà : littéralement : calculer l’hexagramme, en fait : tirer le Yi Jing
擇日 zé rì : choisir un jour faste, pour ouvrir une boutique ou rédiger un contrat, etc.
Et à droite, de haut en bas :
抽簽 chōu qiān : littéralement tirer les (99) tiges, en fait tirer aux sorts un petit papier où votre destin est pré-imprimé.
解簽 jiě qiān : séparer les tiges une autre technique divinatoire moins connue
風水fēng shui : littéralement : vent-eau, c’est-à-dire : géomancie.
Il n’est donc nulle part question d’utiliser le Yi Jing dans une perspective confucéenne
la seule qui respecte les objectifs du Livre
puisque la tradition a attribué à Confucius la rédaction de l’ensemble des commentaires canoniques (les X Ailes).
Il est vrai que nous sommes est ici dans un sanctuaire taoïste, et que ces derniers, à l’époque des Tang, pour lutter contre l’influence grandissante du Bouddhisme ont utilisé des représentations du Yi Jing (les trigrammes, le tài jí tú, dessin yin-yang, etc.) et non la sagesse active du texte des 64 situations-types, comme aide à la prise de décision.
A tel point qu’aujourd’hui pour la majorité des Chinois, et même nombre d’occidentaux, le Yi Jing passe pour un grimoire divinatoire taoïste de prédictions du futur.
Une opinion que même le hors-série divinatoire du magazine ELLE, paru ces jours-ci, ne partage pas !
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