qi gong 氣 功
Taoïste ou Confucéen?Le Qi Gong est-il taoïste ou confucéen ?
Quelle histoire ! Depuis toujours l’âme chinoise a deux versants, deux sources qui la nourrissent, aussi opposées et complémentaires que sont Yin et Yang.
Taoïsme et Confucianisme : comment se fait-il que dans l’air du temps d’aujourd’hui
Le premier soit synonyme d’excellence et le second de rétrécissement ?
La raison en tient autant aux Occidentaux qu’aux Chinois eux-mêmes.
- Le taoïsme plaît parce qu’il semble facile
- Le taoïsme est si obscur que chacun le remplit avec ce qu’il veut.
- Il est rebelle anarchiste, anachorète
- Vaste à englober la nature entière et même au-delà.
- Il est fondé sur la Dao, une intuition indicible dont on fait un avatar de Dieu, un être alors qu’il ne s’agit que d’un battement.
- Le taoïste est ermite, le monde le dérange, il le fuit
- Le confucianisme déplaît parce qu’il apparaît austère et rigoureux.
- Le confucianisme est si vrai, si simple qu’il est impossible d’y rajouter quoi que ce soit
- Il apparaît conformiste, plan-plan
- Limité au domaine des relations sociales humaines
- Il est fondé sur la bienveillance, c’est-à-dire la diffusion du bien par la rectification de son attitude propre.
- Le confucéen est sociable, son amabilité arrange le monde autour de lui
Pourquoi mélange-t-on les deux ?
Le taoïsme tel qu’il est présenté dans le Dao De Jing est à bien des égards très confucéen.
Quant à Confucius, dans ses Entretiens, il n’arrête pas de parler du Dao.
À la lecture du Dao De Jing on découvre une pensée qui peut parfois être méchante ou violente d’une certaine façon.
À la lecture des Entretiens, on découvre le bonhomme Confucius, celui que le confucianisme a essayé d’éradiquer, celui qui se rebelle devant tout abus et toute brutalité d’où qu’elle vienne et principalement du pouvoir.
L’erreur provient à la fois d’une lecture trop superficielle du taoïsme et d’une image trop conventionnelle du confucianisme.
Confucius a infusé dans le cœur des chinois une grande part des vertus civiles qui les habitent toujours : le savoir vivre, en toute circonstance, et, quand il le faut, le savoir mourir.
Cependant, l’aspect rebelle parce que libre que peuvent parfois prendre les phrases de Confucius sera gommé par les commentaires officiels qui vont faire tout leur possible pour enfouir la noble spontanéité confucéenne dans des stéréotypes réactionnaires.
Image : Confucius par l’artiste contemporain Fan Zeng
Lao Zi est essentiel pour nous occidentaux qui sommes pris dans une civilisation du primat du Yang. Il nous rappelle la prépondérance du Yin.
(Cf. Dao De Jing 36, 43, 76, etc.)
Il est la lune, la profondeur de la nuit, la femelle mystérieuse et l’origine des plus belles pages de la spiritualité chinoise (Cf. Dao De Jing 25, 20, 6), le vide dans ce qu’il a de plus fécond (Dao De Jing 11, 5). Il nous apprend à honorer la vacuité qui confère son usage à la roue, au vase et à la maison.
Image : Lao Zi par l’artiste contemporain Fan Zeng
Le Qi Gong est chinois donc immense, et au moins double, c’est-à-dire se présentant sous un aspect dialectique.
Il est taoïste par le Qi, par son rapport à l’invisible, à l’énergie subtile.
Il est confucéen par le Gong, par son rapport au travail,
au constant effort d’amélioration de soi auquel ce contact entraîne.
Dans les mots « Qi Gong »
- si vous voulez souligner l’aspect taoïste, traduisez alors par : le Qi à l’œuvre, au travail
- si vous voulez insister sur le côté confucéen, traduisez alors : le travail sur le Qi
Quelle raison y aurait-il de choisir ?
Confucius donne des règles pour apprendre à enseigner ;
Lao Zi donne des ailes (de papillon) pour apprendre à ressentir
Lao Zi nous aide à être confucéen d’une manière aérienne ;
Confucius nous aide à être taoïste d’une manière sérieuse.
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