100 mots pour comprendre les Chinois
NOURRIR LE VIVRE 養 生« Nourrir le vivre » : yǎng shēng 養 生
Bien connu des pratiquants des arts physiques chinois, cette expression en résume le fondement philosophique.
Elle est constituée du mot 生 shēng: vivre
Précédé de l’idéogramme 養 yǎng (Simplifié 养) dont la signification principale est : nourrir
Cependant le sens de 養 yǎng est beaucoup plus large, car il traite du rapport que chacun d’entre nous entretient avec la chaîne sans fin des générations.
Il signifie en effet nourrir ses descendants et ses ascendants, dans le sens d’éduquer ses enfants et entretenir ses parents.
Dans la langue usuelle actuelle, l’expression yǎng shēng 養 生 signifie simplement : se garder en bonne santé, mais l’idée traditionnelle qu’elle recouvre est moins fade et plus vaste.
Commune en fait à tous les arts chinois, qu’ils soient corporels, culinaires, calligraphiques ou artistiques, elle décrit l’objectif qu’ils ont en commun : « nourrir le vivre ».
« Vivre » en français est rarement utilisé comme un nom. C’est dommage, car cet emploi inhabituel, en nous sortant de nos schémas usuels, nous ouvre à une compréhension plus directe de l’idée contenue dans cette expression.
L’avantage du mot « vivre » tient au fait qu’à la différence du substantif « vie », il s’accommode mal d’un adjectif possessif.
Il prévient ainsi l’appropriation individuelle de ce que l’esprit chinois considère comme le bien commun à toutes les créatures vivantes : le fait de vivre.
Traduire yǎng shēng par : nourrir sa vie, affadit ce que suggère ce couple d’idéogrammes.
De même, le traduire par : nourrir le principe vital, conduit à penser que ce « principe vital » pourrait être une matérialité extérieure à la sensation que nous en donne notre corps.
« Nourrir le vivre » en revanche rapproche de la perspective chinoise : garder en nous ce « vivre » qui habite la terre entière, s’y manifestant par la continuité des saisons et s’y incarnant dans l’infinie variété des êtres vivants.
Ce « vivre » reçu de nos parents, transmis à nos enfants, qu’aucun humain ne peut s’approprier, s’il fallait lui donner un nom plus familier, ne serait-ce pas cet « élan vital » dont Bergson parle avec des mots si justes ?
Pour nous ouvrir les portes de l’univers et du mode de penser chinois, Cyrille Javary s’est livré à une sorte d’inventaire à la Prévert en racontant les mille et une histoires que contiennent les idéogrammes. Conçus il y a trente-cinq siècles, restés inchangés dans leurs principes, ces signes, qui sont des dessins d’idées, véhiculent des valeurs tout en suivant une logique singulière. Comment font donc les Chinois pour écrire les produits de la modernité tels que Coca-Cola, e-mail ou laser ? Et quels caractères utilisent-ils pour désigner les idées nées en Occident comme « république », « jeux olympiques » ou « liberté » ?
C’est à ce jeu réjouissant et instructif que nous invite Cyrille Javary : découvrir les multiples facettes d’un pays par son idéographie, sans avoir besoin d’apprendre à parler, voire à écrire, la langue chinoise moderne.
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